- Groupe italien spécialisé dans les produits et systèmes pour l'automatisation industrielle, Comau a été créé en 1970. Pourriez-vous nous retracer son évolution et ses axes de développement ?
Stefano Percario : Comau a commencé ses activités dans le secteur automobile, qui reste encore aujourd’hui son cœur de métier. Grâce à plus de 50 ans d’expérience dans l’automobile et à l’évolution constante du marché, Comau s’est diversifié vers des marchés émergents tels que l’électrification, les systèmes de production pour l’assemblage de batteries lithium, les cellules de piles à combustible, les pâles d’éoliennes ou encore l’installation de parcs photovoltaïques grâce à nos robots qui ont permis de diminuer les temp d’installation. D’une manière générale, les énergies renouvelables sont devenus des débouchés importants pour Comau.
- Vous vous êtes également diversifié dans le domaine sanitaire. En quoi cela consiste-t-il ?
Stefano Percario : Nous avons développé des solutions favorisant l’ergonomie au travail, avec un exosquelette baptisé « MATE », dont la fonction est d’aider les ouvriers à soulever des produits lourds et, ainsi, à leur éviter d’avoir des troubles musculosquelettiques. Outre les centres logistiques et la grande distribution, cet exosquelette trouve aussi des débouchés dans le domaine sanitaire lorsqu’il s’agit de réduire les efforts du personnel hospitalier pour déplacer des malades. Notre ambition est de porter l’automatisation partout où elle n’existe pas pour procurer des améliorations économiques et sociétales, notamment afin de réduire les tâches pénibles et de répondre au défi de pénurie de main d’œuvre dans le domaine industriel.
- Quel est le chiffre d’affaires du groupe Comau et comment son actionnariat a-t-il évolué ?
Stefano Percario : Le groupe Comau a toujours été un groupe privé et, à ce titre, a choisi de ne pas communiquer de chiffres sur sa situation financière qui est cependant très saine. Il a appartenu à Fiat à partir de 1973, puis à Stellantis lorsque Fiat a intégré ce groupe automobile. Depuis le 1er janvier 2025, Comau est détenu majoritairement par la société de capital-investissement One Equity Partners, basée à New-York, qui investit uniquement dans des entreprises industrielles, Stellantis conservant un rôle actif en tant qu’actionnaire minoritaire.
- Pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance de Comau : nombre de salariés, de filiales, de sites de production, ainsi que l’étendue de son offre ?
Stefano Percario : Basée à Turin, en Italie, Comau dispose d’un réseau international de 7 centres d’innovation et 12 sites de production, dont l’effectif total s’élève à plus de 3800 personnes dans 12 pays : Etats-Unis, Chine, Brésil, Inde, Italie, Allemagne, Roumanie, ainsi qu’en France, à Castres, à 80 km de Toulouse, et à Trappes, près de Paris. Nous proposons notamment des robots, des pinces à souder, des centres d’usinage, des exosquelettes et des solutions logicielles pour la gestion de la production. Avec l’intelligence artificielle, nous avons développé un système de vision pour les robots et les systèmes d’automatisation, baptisé MI.RA. Nous proposons également à nos clients des systèmes « clé en main », en partant d’un problème d’automatisation, dans le but de réaliser des systèmes complets sur cahier des charges. C’est ce que nous appelons « l’Engineering to order », en français « l’ingénierie sur commande ».
- Quand la filiale française de Comau a-t-elle été créée et comment s’est-elle développée ?
Stefano Percario : La filiale française, qui emploie aujourd’hui un peu moins de 300 personnes, a débuté en tant que filiale commerciale en 1996. Puis, elle s’est orientée également vers des activités de production à partir de 1999 avec l’acquisition de deux concurrents : Sciaky, fabricant de systèmes de carrosserie et de pièces à souder, et Renault Automation, spécialisé dans l’usinage et l’assemblage de moteurs et de boîtes de vitesse. Ces deux acquisitions nous ont permis de rentrer en force sur le marché français. Nous avons d’ailleurs fait de même aux Etats-Unis avec le rachat de Pico, spécialisé dans les systèmes de carrosserie, à peu près à la même période. En France, nous proposons notamment des robots de moyenne taille de 13 à 18 kg, des cobots conçus pour travailler dans des industries exigeant un niveau minimal de contamination comme l’industrie pharmaceutique ou l’électronique, et nous venons juste de lancer nos systèmes SmartReach, qui sont des équipements hybrides entre un robot et une machine à usiner. Ils sont conçus et produits en France, dans l’usine de Castres, et permettent de monter en cadence, et donc, de gagner en productivité. Ils s’adressent à tous les métiers qui ont besoin d’usiner des pièces de grandes dimensions sans avoir à les déplacer, avec la précision d’une machine d’usinage et la flexibilité d’un robot.
- Le marché des technologies d'automatisation est-il en développement en France ? Pour quels débouchés est-il le plus porteur ?
Stefano Percario : Le marché de l’automatisation est globalement en développement, mais aujourd’hui, le secteur automobile est en souffrance en raison du ralentissement des projets d’électrification des véhicules. Nous observons que beaucoup de projets sont reportés dans ce domaine. Heureusement, d’autres applications émergeants sont en fort développement dans la défense et l’aérospatial, la logistique, le secteur pharmaceutique et l’industrie lourde.