- Pouvez-vous nous relater l’historique de Rexroth, puis son intégration et son développement au sein du groupe Bosch ?
Richard Brunet : La raison d’être de Bosch Rexroth est de proposer des solutions et des technologies de mise en mouvement en adéquation avec le développement durable. L’entreprise est filiale à 100% du groupe Bosch depuis 2001. D’une part, elle a une activité dédiée aux engins mobiles tels que les tracteurs, les excavateurs et les équipements de manutention, avec des solutions associant de l’électronique à des organes de transmission tels que des pompes, valves ou des vérins. D’autre part, elle propose des solutions pour tous les secteurs industriels, dès lors qu’il faut fournir un mouvement au moyen d’une source d’énergie, que celle-ci soit électrique, électromécanique ou hydraulique. L’histoire de Rexroth commence dès 1795 avec la fourniture de matériaux pour la forge. Intégrée à Mannesmann, puis au groupe Bosch à partir de 2001, le groupe a désormais pour vocation d’évoluer en répondant aux attentes de l’industrie 4.0, de l’électrification et de la décarbonation.
- En quelques chiffres clés, pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance de Bosch Rexroth : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de filiales, de sites de production… ?
Richard Brunet : Le groupe, basé à Lohr-am-Main, près de Francfort, a réalisé un chiffre d’affaires de 7,6 milliards d’euros en 2023 avec un effectif de 34 000 personnes. L’intégration au sein du groupe Bosch lui permet d’avoir une vision à moyen et long terme avec une très bonne capacité d’investissement. Bosch Rexroth dépense 6,1% de son chiffre d’affaires en R&D, et dispose de 51 usines dans 22 pays, dont l’une est située sur le site de Vénissieux (Rhône) sous la direction de Marc Baeumlin, et où se trouve également la filiale commerciale, Bosch Rexroth France. Dans l’usine française sont fabriqués des joysticks et des valves pour les minipelles pour nos clients dans le monde entier.
- Quelles sont vos orientations privilégiées en matière d’innovation et pour quels types d'applications ?
Richard Brunet : Bosch Rexroth s’adresse à toutes les industries, par exemple l’agroalimentaire, l’automobile ou l’agriculture dès lors qu’il est nécessaire d’introduire un mouvement. Avec les technologies numériques, nous accompagnons nos clients vers l’Industrie 4.0 en fournissant des informations qui offrent par exemple la possibilité de savoir à tout moment quelles sont les machines les plus productives dans une usine. Nous couvrons les enjeux de cybersécurité, l’utilisation de l’intelligence artificielle, et des protocoles de communication fiables et sécurisées dans le temps. Les entreprises comme les nôtres doivent créer et soutenir des standards, des normes de communication et de sécurité et faire en sorte que les machines communiquent les unes avec les autres afin de déterminer où se situent les problèmes de production. Parmi nos produits les plus innovants, nous pouvons citer la gamme e-Lion qui répond aux programmes d’électrification dans le mobile (tracteurs, pelles et manutention), aussi bien pour les petites que pour les grosses motorisations. CtrlX est, par ailleurs, une gamme qui traduit notre approche digitale et qui permet de faire communiquer les machines les unes avec les autres dans l’industrie en poussant par exemple les protocoles OPCUA et les plus hauts standards de cybersécurité. En outre, nous avons une gamme de robots de la marque Kassow munis d’un 7è axe permettant de reproduire un mouvement qui n’existe pas dans le corps humain. Ces robots apportent une vraie valeur ajoutée aux applications comme le pick & place haute vélocité, l’assemblage de précision, les process de trajectoires exigeantes au contact de la matière, la palettisation…
- Quand la filiale française de Bosch Rexroth a-t-elle été créée et quelle est aujourd’hui son importance ?
Richard Brunet : Nous avons à Vénissieux une société commerciale qui emploie 220 personnes pour un chiffre d’affaires de 240 M€ en 2023, et une entité de production qui compte 350 personnes. La filiale française a vu le jour dès 1938 sur ce site avec la fabrication de moteurs et de valves. Notre force de vente s’appuie sur 40 commerciaux et 19 distributeurs partenaires capables de mettre nos solutions en application et de proposer une expertise locale. Nous avons également des bureaux à Serris (en Seine et Marne) et à Nantes (Loire-Atlantique).
- Comment appréciez-vous l’évolution de votre marché et quelles sont vos perspectives de développement ?
Richard Brunet : La concurrence était jusqu’à présent très tournée vers l’Europe et les Etats-Unis, mais nous voyons arriver désormais des sociétés chinoises qui ciblent l’Europe, avec plus d’intelligence et de qualité dans leurs produits. Après un développement très fort ces dernières années, nous avons observé un ralentissement de notre marché en 2024 et nous nous attendons à une certaine stabilité en 2025. Le parc machines s’étant déjà fortement renouvelé ces dernières années, il existe moins de besoins. Aussi la croissance devrait être de l’ordre de 5% annuellement avec un chiffre d’affaires qui pourrait atteindre 260 M€ en France en 2025. Nous avons un plan de développement ambitieux sur le plan mondial avec l’objectif d’atteindre 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’échelle du groupe en 2028, au moyen d’une croissance organique mais aussi d’une croissance externe comme en témoigne l’acquisition de la société Hydraforce aux Etats-Unis.