VEGA est une société allemande implantée mondialement. Pouvez-vous nous préciser ses différents secteurs d'activité et nous rappeler son origine ?
Philippe Capitaine : VEGA est née en 1959 dans la région " Schwarzwald ", la forêt noire, proche du Rhin et de la France. Pour mémoire en 1956 le prix nobel de physique avait été attribué aux inventeurs américains du transistor. A cette époque, le fondateur du groupe, Bruno Grieshaber avait développé des activités industrielles dans la mécanique. Il s'interrogea alors sur la façon de saisir les opportunités liées à cette technologie révolutionnaire. Et c'est au hasard de rencontres fortuites que finalement il opta pour une voie particulière, la mesure du niveau d'un liquide grâce au principe capacitif. Les premières années furent difficiles sur le marché national, puis progressivement l'entreprise se développa et aborda les marchés européens dans les années 70. La France fut la deuxième filiale créée, non seulement parce que notre marché est intéressant, mais aussi parce que le fondateur était particulièrement francophile. Nous sommes une entreprise patrimoniale qui laisse une place réelle aux convictions, aux désirs et par là même aux femmes et hommes qui la composent. Plus de 50 ans après ces premiers pas, le groupe a acquis une dimension mondiale avec un CA de 340 M€ et 1250 personnes. Nous disposons de seize filiales implantées sur les principaux marchés (Europe, USA, Chine, Inde, Afrique du Sud, Australie etc) et de 77 partenaires pour couvrir l'ensemble de la planète. Nous intervenons dans toutes les activités, le plus souvent industrielles, qui traitent, transforment, transportent et stockent des matières, qu'elles soient liquides, solides ou gazeuses. Nous servons de façon égale des clients de tous horizons, grands groupes internationaux tels que Veolia, Rhodia, Dow... et installateurs, distributeurs régionaux. Notre rôle sociétal est celui d'un acteur de la productivité, de la sécurité des hommes et de l'environnement. Représentant typique des entreprises du " Mittelstand " allemand, notre stratégie, constante, est celle d'une spécialisation pointue. Notre volonté est d'être la référence mondiale en mesure de niveau. Nous y sommes parvenu depuis quelques années avec la mesure de niveau par ondes électromagnétiques, communément appelée Radar.
Quelles sont les grandes gammes de produits VEGA ?
Philippe Capitaine : Notre marque est avant tout associée à la mesure de niveau radar (sans contact ou filoguidé), notamment depuis 1997 où nous avions apporté une innovation de rupture sur les marchés, tout comme nous le faisons aujourd'hui avec la nouvelle gamme radar PS64. Bien entendu, nous avons toujours continué de développer les technologies de mesure et détection de niveau plus traditionnelles telles que le capacitif, le résistif, l'ultrason. Nous y avons d'ailleurs adjoint il y a plus de 10 ans, grâce à l'acquisition de la société Ohmart USA, la technologie par onde gamma (nucléaire) que nous avons améliorée. Cette technologie est encore parfois nécessaire dans certains process critiques (mesure ou détection de niveau, interface, densité), lorsque toute autre solution est inopérante. C'est notamment le cas dans l'industrie pétrolière et pétrochimique. La seconde grande gamme de produits VEGA, toute aussi historique que le niveau, est la mesure de pression (absolue, relative, différentielle, hydrostatique).
Que représente la R&D pour VEGA ? Où vos instruments sont-ils conçus et fabriqués ?
Philippe Capitaine : La R&D est réalisée au siège du groupe en Allemagne. Ce sont 90 personnes qui travaillent à l'élaboration de nos futures gammes de produits en niveau, pression, interface. Bien entendu, nous avons également des partenariats externes, qu'ils soient avec des universités ou des sociétés tierces. Parfois, le cas est rare, nous œuvrons en partenariat de développement d'un élément technologique, spécifique, avec un concurrent. Cela pourrait éventuellement surprendre vos lecteurs, il s'agit d'une mutualisation de ressources à l'échelle d'une branche industrielle. L'élément technologique est commun, il est ensuite intégré dans un système différent. De façon générale, nous sommes fournisseur de nombre d'acteurs mondiaux de l'instrumentation. Le jaune est la couleur corporate de Vega, nous la déclinons aussi en arc en ciel. La fabrication quant à elle est réalisée en Allemagne, en 5 jours ouvrés pour 80% de la gamme, avec une livraison directe de l'usine à nos clients, qu'ils soient situés à Paris ou dans un hameau de l'Ardèche. Afin d'alimenter uniquement le marché des USA et de la Chine, nous produisons ou assemblons également localement.
A côté de la vente d'instruments de mesure, vous proposez divers services comme des conseils personnalisés ou la formation aux techniques de mesure. Pourriez-vous nous expliquer en quoi consistent ces prestations ?
Philippe Capitaine : Nous considérons que la formation est l'un des services traditionnels que devrait offrir tout fournisseur. Ainsi nous sommes agréés organisme de formation depuis plus de 30 ans et nous offrons une palette variée de stages destinés soit à des débutants en instrumentation, soit aux seniors, en français ou en anglais, voire d'autres langues dans le cas de projets internationaux. Mais cela va bien au-delà ! La formation, au sens usuel, n'est qu'un des moyens disponibles pour partager et accéder à la connaissance utile. C'est en quelque sorte tout un écosystème de partage que nous avons bâti au fil des années. Par exemple dès 2002 avant l'émergence du web 2.0, nous avons créé le forum instrumexpert.fr, espace libre d'échange offert aux instrumentistes. Depuis 15 ans nos clients reçoivent régulièrement des fiches " Les ateliers de la niveaumétrie/pression " qui traitent de cas applicatifs, nous avons édité des guides pédagogiques sur la pression, nous organisons des petit-déjeuners de l'instrumentation etc. Afin d'accompagner les nouvelles générations d'instrumentistes, nous avons également mis en place des outils d'échange numériques directs avec par exemple un live-chat accessible depuis notre site web etc. Enfin, tout ceci n'est possible que si nous disposons des ressources et compétences adéquates et après avoir déployé une culture du partage au sein de l'entreprise, mais c'est un thème encore plus vaste, auquel nous prêtons beaucoup d'attention.
Quels sont les objectifs de développement de VEGA et que représente notre marché national pour votre société ?
Philippe Capitaine : Après mûre réflexion, nous avons choisi pour slogan deux mots simples qui sont le reflet de ce que tous appellent les valeurs d'une entreprise. Ainsi nous nous reconnaissons dans l'expression " Pour longtemps ". Cette affirmation identitaire se décline entre-autres en termes stratégiques. Nous serons, pour longtemps, un acteur hautement spécialisé de l'instrumentation de niveau et de pression. Nous n'avons pas d'autres ambitions que celle d'exceller dans nos domaines mais dans toutes les industries et sur tous les marchés mondiaux, dont la France. Nous n'avons pas l'intention de pratiquer d'acquisitions ou d'être nous-même absorbé par d'autres. C'est notre nature de groupe patrimonial qui nous permet de l'exprimer ainsi. En France, nous avons toujours régulièrement progressé, jusqu'à servir aujourd'hui la plus forte part des utilisateurs de " niveau ". Ainsi VEGA Technique est en taille (27,5 M€) la deuxième filiale du groupe, après les USA. Sur les dix dernières années, depuis 2005 et malgré la crise de 2009, nous avons connu une croissance annuelle moyenne de 12%. Cette croissance a été relayée en partie par nos activités au moyen-orient dont Vega Technique a la responsabilité. Cela me permet de souligner l'une des spécificités de VEGA Technique : nous sommes 62 personnes, mais pour cette taille modeste, nous regroupons au sein de notre entreprise sept nationalités différentes. C'est un gage d'ouverture, de remise en cause et d'invitation permanente au changement. Notre vocation est simplement de poursuivre dans cette voie, c'est en quelque sorte le concept japonais Kaizen, issu des mots Kai :changement et Zen : meilleur.