Rencontre avec Nicolas Dusch, P-dg de Harting France

Nicolas Dusch présente les activités du groupe allemand Harting, spécialisé dans la connectique. Avec 44 filiales, il a réalisé un chiffre d’affaires de 1,036 milliard d’euros au cours de son dernier exercice, dont environ 30 M€ en France.

  • Nicolas Dusch, P-dg de Harting France.
    Nicolas Dusch, P-dg de Harting France.

Spécialiste de la connectique industrielle, le groupe allemand Harting est né en 1945. Pouvez-vous nous relater les débuts de la société ?

Nicolas Dusch : Après la guerre, l’Allemagne a besoin de produits techniques pour reconstruire son industrie, et Wilhelm Harting décide alors de créer sa société, à l’époque, un atelier de 100 m2, installé à Minden, près de Hanovre. Des produits d’usage quotidien répondant aux besoins de l'époque y seront fabriqués : lampes, plaques de cuisson, plaques à gaufres, briquets électriques, fers à repasser. La société fût l’un des tout premiers partenaires de la Foire de Hanovre dès sa première édition en 1947. Elle s’installera en 1950 à Espelkamp, à 80 km de Hanovre. Au fil des années et jusqu’à maintenant, elle restera dirigée par la famille Harting. Elle s’oriente alors rapidement vers des produits destinés à l’industrie. Elle invente tout d’abord un connecteur robuste, facile à manipuler et utilisable dans de nombreuses applications. C’est la naissance du connecteur Han, fabriqué aujourd’hui dans un format rectangulaire et qui a véritablement permis à l’entreprise de se développer. La gamme Han deviendra, en effet, une référence sur le marché dans le monde entier avec de nombreuses déclinaisons. C’est sa modularité en termes de signal, puissance, données et même en air comprimé qui a fait son succès. Harting a aussi contribué à la normalisation du connecteur DIN toujours très utilisé dans l’industrie et la dernière innovation HARTING dans ce domaine est le connecteur Din modulaire de nom har-modular.

 

Quelles sont les grandes étapes du développement de Harting ?

Nicolas Dusch : L’internationalisation a constitué une étape essentielle dans le développement de la société. Consciente qu’il était nécessaire de s’étendre au-delà de l’Allemagne, elle a créé sa première filiale en France en 1979. Puis suivront rapidement d’autres ouvertures de filiales en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Plus récemment, un site de distribution de grande envergure en Allemagne a été créé en 2019 et a marqué une nouvelle grande étape du développement de l’entreprise. Disposant d’importants moyens technologiques, ce centre logistique européen, couplé à SAP et géré par des robots, est capable de gérer 110000 caisses de produits. Elles représentent autant de références de composants dont certains ont été créés il y a 35 ou 40 ans. Les locaux de ce centre de distribution sont équipés de systèmes anti-intrusion et d’une protection contre le feu.

 

En quelques chiffres clés, pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance de Harting : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de filiales, de sites de production… ?

Nicolas Dusch : Le groupe Harting a réalisé un chiffre d’affaires de 1,036 milliard d’euros lors de son dernier exercice fiscal qui s’est achevé le 30 septembre 2023 (dont 25,5% en Allemagne, 35,2% dans le reste de l’Europe, 13,9% dans les Amériques et 25,4% en Asie), et il a pour ambition d’atteindre 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2030. Il compte plus de 6200 employés et la production est fortement intégrée, depuis le plastique jusqu’au produit fini. Il dispose de 44 filiales et de 15 sites de production répartis en Allemagne, mais aussi en Suisse, en Roumanie, aux Etats-Unis, au Mexique, en Chine et tout récemment au Vietnam, afin de fournir localement les clients.

 

Harting répond aux attentes et aux exigences de nombreuses industries, mais quelle est précisément l'étendue de son offre ? Pour quels grands types d'applications ?

Nicolas Dusch : Nous fournissons tous types de solutions de connectique et de toute nature, de la plus simple à la plus complexe, en standard ou dédiées aux besoins précis des clients pour des applications exigeantes telles que le ferroviaire ou les véhicules électriques. Nous sommes organisés en quatre divisions : électrique (connectique Han rectangulaire), électronique (connectique DIN sur circuits imprimés et portfolio de connecteurs circulaires), « solutions » avec la gamme de faisceaux HCS (Harting Customised Solutions), automobile (solénoïdes, câbles de charge pour les voitures électriques).

 

Quelles sont les orientations privilégiées et les produits les plus innovants ?

Nicolas Dusch : Harting investit beaucoup en R&D et a notamment développé des produits dans des domaines émergeants ou en transition. Le développement du connecteur Harting T1 Industrial vers la transmission Ethernet sur une paire (Single Pair Ethernet) et le développement du connecteur de puissance AEF pour les engins agricoles électriques montrent l’étendue des technologies maitrisées par Harting. Par ailleurs la gamme de connecteurs rectangulaires Han s’étoffe régulièrement avec des modules et des jeux de contacts tels que la gamme Han S destinée au stockage d’énergie, le Han ORV3 pour l’alimentation des serveurs dans un datacenter. La tendance vers l’électrification et l’objectif de décarbonisation à marche forcée guident notre croissance, ainsi que les applications liées à l’intelligence artificielle, laquelle va donner des réponses à des besoins d’innovation dans de nombreux domaines, par exemple pour apporter des solutions aux problèmes thermiques ou encore à l’allégement du poids des connecteurs dans le cadre de la réduction des coûts énergétiques. En effet, moins le poids d’un système est élevé, moins sa consommation est importante, également une source d’innovation.

 

Quelle est aujourd’hui l’importance de Harting en France et quelles sont vos perspectives de croissance à moyen terme ?

Nicolas Dusch : Harting France, qui est basée à Roissy-en-France, près de Paris, sera passée d’un chiffre d’affaires de 20 M€ en 2017 à de l’ordre de 33 M€ cette année, avec un effectif de 35 personnes. Nous avons une production de faisceaux assemblés sur notre site d’une superficie de 1800 m2. Nous avons un canal de vente directe et un canal de vente via la distribution qui représente environ 25% de nos ventes globales. Nous estimons avoir un potentiel important de croissance qui devrait nous permettre d’atteindre un chiffre d’affaires de 50M€ d’ici 2030. Les principaux domaines que nous couvrons en France sont l’énergie, l’automobile, le ferroviaire, la machine-outil, l’automatisation, la robotique. Nous voyons un futur prometteur pour notre activité grâce à la mobilité et aux besoins de stockage d’énergie, l’électrification et la décarbonation.

Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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