Rencontre avec Laurent Mulley Directeur Général Endress+Hauser France

Endress+Hauser est une société implantée mondialement. Pouvez-vous nous rappeler son origine et nous présenter l’entreprise en quelques chiffres ?
Laurent Mulley : Endress+Hauser a été fondé en 1953 par Georg H. Endress et Ludwig Hauser. Le groupe est entièrement aux mains de la famille Endress depuis 1975. L’entreprise, spécialisée à l’origine dans la mesure de niveau, est devenue un fournisseur de solutions complètes de métrologie et d’automatisation industrielle. Parallèlement à cela, elle n’a jamais cessé de créer de nouveaux débouchés. Le groupe Endress+Hauser, actif dans le monde entier, fait partie des entreprises internationales de pointe en matière d’appareils de mesure, de prestations de services et de solutions pour les processus industriels. Le groupe emploie maintenant plus de 14 000 personnes dans le monde entier et a réalisé 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Les centres de ventes détenus par la société et son réseau de collaborateurs garantissent l’assistance d’experts dans le monde entier, et nos centres de production implantés dans 12 pays répondent rapidement et efficacement aux besoins et aux exigences de nos clients.

Endress+Hauser est un leader de la mesure de débit. Sur quoi repose votre prospérité et quelles sont les grandes lignes d’instruments de votre gamme ?
Laurent Mulley : La réussite de la société en tant que fabricant de débitmètres électromagnétiques a débuté au milieu des années 1970. Pour entrer sur le marché de l’eau et des eaux usées qui émergeait à cette époque, Endress+Hauser a acheté la société Flowtec à Berne en 1977 avant de l’installer sur un nouveau site à Reinach (Basel-Landschaft, Suisse). C’est là où Endress+Hauser a commencé à produire des débitmètres avec seulement trois employés, dans d’anciens baraquements militaires.
Le travail s’effectuait à la demande alors qu’aujourd’hui la production est effectuée sur six sites du monde entier – en Suisse, en France, aux États-Unis, en Chine, en Inde et au Brésil – et s’appuie sur une logistique ultramoderne. Cette infrastructure nous a permis de produire deux millions de débitmètres électromagnétiques à ce jour.  Ces deux millions de débitmètres électromagnétiques pourraient mesurer un volume correspondant à quatre fois le débit de l’Amazone. Chaque site de production dispose également d’installations d’étalonnage précises qui sont régulièrement vérifiées par des organismes d’accréditation nationaux et qui garantissent une qualité de mesure toujours élevée pour chaque appareil.
La réussite de la société est due à de nombreux facteurs. En particulier, son talent inventif a permis à Endress+Hauser de proposer régulièrement de nouveaux appareils révolutionnaires capables de mesurer tous types de fluides, tels que l’eau, le lait, les acides, les alcalis ou les boues de minerai, avec la plus grande précision. Ainsi avec des innovations intelligentes telles que la mesure de précision de fluides difficiles (Autozero, 1981), la commande par microprocesseur (Variomag, 1984), la technologie à deux fils (Eximag, 1987) ou la matrice opérationnelle (Tecmag, 1990), Endress+Hauser a toujours réussi à garder une longueur d’avance sur la concurrence.
En 1993, toutes ces variantes ont été réunies en une famille de produits unique baptisée Proline. Parallèlement à cette gamme, Endress+Hauser produit également des débitmètres pour des applications très particulières par exemple, le remplissage de bouteilles à des intervalles d’une seconde. Bien sûr depuis 1993, la gamme Proline a évolué pour s’assurer qu’elle répond aux exigences qui prévalent dans diverses industries. Après la deuxième génération lancée en 2000, la troisième et dernière génération Proline (2012) offre une multitude de fonctions et de propriétés uniques. Cela signifie que les opérateurs de système pourront non seulement récupérer les données de mesure et de diagnostic via un affichage, un WLAN, un serveur web ou la technologie bus de terrain, mais aussi surveiller le processus dans son intégralité et, si nécessaire, vérifier le fonctionnement d’un débitmètre en cours de fonctionnement.

A côté de vos lignes différentes lignes de produits, proposez-vous d’autres services notamment pour l'ingénierie de process industriel et quels sont les marchés que vous adressez ?
Laurent Mulley : L’offre Endress+Hauser est large puisqu’en plus des débitmètres nous fournissons des capteurs, des systèmes en niveaumétrie, pression, température, avec analyses et enregistrements des valeurs mesurées. Parallèlement l’entreprise soutient également ses clients grâce à des prestations de service et des solutions d’automatisation, de logistique et de technique de l’information.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les industries chimique, pétrochimique, alimentaire et des boissons, du pétrole et du gaz, de l’eau et des eaux usées, de la production énergétique, des sciences de la vie, des matières premières et du métal, des énergies renouvelables, des pâtes et papiers ainsi que de la construction navale. Endress+Hauser accompagne ses clients en optimisant leurs process en termes de fiabilité, de sécurité, d’efficacité économique et d’impact environnemental.

Le chiffre d’affaires d’Endress+Hauser a pour la première fois atteint les 2,5 milliards d’euros en 2018. Comment expliquez-vous de si bons résultats ?
Laurent Mulley : En 2018, Endress+Hauser a connu une forte croissance dans toutes les régions, tous les secteurs et toutes les catégories de produits. Un essor attribuable à la progression de la digitalisation dans l’industrie ainsi qu’à un développement positif sur les marchés internationaux. Le Groupe a vu son chiffre d’affaires et ses bénéfices augmenter. D’importants investissements ont été effectués et des centaines d’emplois ont été créés dans le monde. L’évolution positive a entraîné la création de quantité de nouveaux postes. Fin 2018, un total de 13 928 personnes travaillaient pour le Groupe dans le monde, soit 629 de plus qu’un an auparavant. De nouveaux collaborateurs ont été embauchés avant tout dans les domaines de la production ainsi que du service aux clients. Dans la seule région trinationale autour de Bâle, environ 200 emplois ont vu le jour.
Il faut également noter que les activités aux Etats-Unis ont bénéficié d’une conjoncture forte dans le domaine de l’automatisation des process. La persistance d’une consommation élevée tout comme la baisse des prix du pétrole et des matières premières ont contribué à une évolution positive. Après des années d’investissements relativement faibles, les entreprises ont recommencé à entreprendre de grands projets. Les activités d’Endress+Hauser se sont également très bien développées en Europe et en Afrique/au Proche- Orient, et même avec dynamisme dans la zone Asie-Pacifique mais la croissance la plus forte a été atteinte en Amérique. L’Allemagne, notre premier marché durant 65 ans, a cédé la place aux États-Unis. En Chine, les activités ont également connu une croissance à deux chiffres, et si cette évolution se poursuit, la Chine pourrait bientôt devenir notre nouveau numéro un.

Mais concrètement pourquoi la société Endress+Hauser bénéficie-t-elle si fortement de la conjoncture ?
Laurent Mulley : Endress+Hauser a toujours alimenté sa croissance grâce à de nombreuses innovations. L’année dernière, l’entreprise a commercialisé 54 nouveaux produits. Les dépenses en recherche et développement sont en hausse, passant à 184,2 millions d’euros, soit 7,5 % du chiffre d’affaires. L’entreprise a déposé 287 nouveaux brevets en 2018. À la fin de l’exercice, le portefeuille de propriété industrielle comptait près de 7800 brevets et titres. Un bon tiers des brevets nouvellement déposés relevait de l’Industrie 4.0, la communication numérique, le diagnostic et l’électronique. La digitalisation s’étend à tous les domaines et le millier de collaborateurs en Recherche et Développement de nos centres de compétence travaillent sur des produits, des solutions et des services en vue de l’ère numérique. Par ailleurs, Endress+Hauser coopère par ailleurs étroitement avec des partenaires industriels comme SAP.