Spécialisée dans les terminaux mobiles professionnels et les solutions de capture de données, d’impression de codes-barres et d’identification par RFID, la société américaine Zebra Technologies est née il y a plus de 50 ans. Pourriez-vous nous retracer son historique et les étapes de son développement ?
Frédéric Bismuth : Zebra a été créée en 1969 sous le nom de Data Specialties Incorporated, un fabricant de produits électromécaniques à grande vitesse. En 1982, l'entreprise s'est recentrée sur les systèmes spécialisés d'étiquetage et de billetterie à la demande et est devenue Zebra Technologies en 1986. Zebra est devenue une société cotée en bourse en 1991. En 2014, elle a acquis la division Enterprise de Motorola Solutions dans le cadre d'une transaction de 3,45 milliards de dollars, fournissant des technologies et des services de communication en matière d'informatique mobile et de capture de données avancées. L'acquisition de la division Enterprise comprenait les lignes de produits Symbol Technologies et Psion et représentait une activité trois fois et demie plus importante que Zebra à l’époque. En 2019, Zebra a acquis Temptime, un fournisseur d'appareils de surveillance de la température pour l'industrie de la santé, puis en 2020, la société Reflexis Systems, un fournisseur de logiciels de planification de la main-d'œuvre et de gestion des tâches pour les secteurs de la vente au détail, de la restauration, de l'hôtellerie et de la banque, pour un montant de 575 millions de dollars. En 2021, Zebra a acquis Adaptive Vision, fournisseur de logiciels de MV graphique, et Antuit.ai, fournisseur de solutions SaaS alimentées par l'IA et spécifiques aux prévisions et au merchandising pour les secteurs de la vente au détail et des produits de grande consommation. En 2022, Zebra a acquis Matrox Imaging, un développeur de composants et de systèmes de vision industrielle pour un montant de 875 millions de dollars.
En quelques chiffres clés, pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance de Zebra : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de filiales, de sites de production… ?
Frédéric Bismuth : Le chiffre d’affaires du groupe se situait un peu en dessous de 6 milliards de dollars en 2023 et ce dernier réinvestit 10% de son chiffre d’affaires en recherche et développement, soit 600 millions de dollars en 2023. Il est le leader mondial en solutions d’identification avec plus de 50% de parts de marché, un effectif d’environ 10 000 salariés et une présence commerciale dans plusieurs dizaines de pays dans le monde. Le siège du groupe est à Chicago et la production et la R&D logicielle sont essentiellement réalisées en Asie (Thaïlande, Inde, Chine), ainsi qu’au Mexique. Nous avons mis en place une diversification des sites de production pour subvenir plus rapidement aux besoins d’approvisionnement en composants. Notre stock massif permet de livrer les produits en quelques semaines au maximum.
Zebra répond aux attentes et aux exigences de nombreuses industries, mais quelle est précisément l'étendue de son offre ? Pour quels grands types d'applications ?
Frédéric Bismuth : Les solutions d’identification de Zebra couvrent la saisie des données sur terminaux mobiles, la lecture de codes-barres, l’impression d’étiquettes pour l’identification de marchandises. Globalement, notre métier consiste à permettre aux personnes mobiles et itinérantes d’améliorer leur travail et d’optimiser leurs tâches grâce à des outils temps réel d’accès aux informations nécessaires. Nous proposons une multitude de solutions matérielles et logicielles qui permettent d’optimiser le travail des personnes mobiles. En termes d’applications, nous intervenons partout où des personnes mobiles doivent obtenir des informations sur les tâches qu’elles doivent accomplir en temps réel, par exemple vérifier la bonne quantité ou la bonne référence, et à toutes les phases où un opérateur a une marchandise à identifier sur une chaîne d’approvisionnement ou sur une ligne robotique.
Quelles sont vos orientations privilégiées en matière d’innovation ?
Frédéric Bismuth : Grâce à nos nombreuses acquisitions, nous avons les connaissances et les compétences nécessaires pour investir dans les solutions logicielles, l’intelligence artificielle, la robotique, l’imagerie, autant de technologies qui vont nous permettre d’aller vers de nouvelles solutions innovantes de traçabilité. Au-delà des techniques d’identification standard telles que le code-barres ou la RFID, nous nous sommes rendu compte que l’identification doit se faire de plus en plus à travers des caméras évoluées. La technologie d’identification par imagerie est une des technologies du futur à côté de l’IA et de la robotisation. C’est pourquoi nous avons acquis l’année dernière la société Matrox, un spécialiste des systèmes de vision qui permettra de nous ouvrir la porte vers des solutions de plus en plus automatisées dans les domaines de la logistique et de la fabrication, afin de répondre aux besoins de lecture plus complexes.
Quand la filiale française de Zebra a-t-elle été créée et comment analysez-vous les perspectives de développement du marché des terminaux mobiles professionnels en France ?
Frédéric Bismuth : La filiale française est ancienne puisqu’elle a été créée en 1985. Nous disposons de deux établissements à Rungis, près de Paris, et Aix-en Provence. Nous commercialisons en France l’ensemble de la gamme Zebra avec un effectif de 95 personnes. 95% de nos revenus sont réalisés au travers de partenaires. Notre équipe au sein de notre filiale française, s’occupe, quant à elle, de satisfaire les besoins des clients finaux en termes de suivi commercial, de satisfaction clients, de gestion des déploiements et de maintenance des parcs installés. Elle a également pour tâche de manager nos partenaires et distributeurs, afin que notre relation avec eux soit la plus efficace possible. Notre volume d’affaires en 2022 en France était de 200 millions de dollars, avec une activité en croissance. Dans les cinq années à venir, nous croyons que les marchés que nous adressons - notamment fabrication, logistique, santé, transport - vont croître, et que nous sommes dans une position favorable pour en bénéficier.