C’est en 1972, que la société Allemande Sick a décidé de créer en France sa première filiale à l’étranger. Spécialisée dans les domaines de capteurs intelligents et des solutions pour l’automatisation dans l’industrie, la société propose aujourd’hui des composants et des systèmes, mais aussi du conseil et de la formation. La société est un acteur majeur de la sécurité des opérateurs au travail.
En composants de sécurité, quel est l’un des points forts de Sick, quelles ont été les grandes étapes dans l’évolution de l’approche de la sécurité sur les lieux de travail. Quels ont-été les « sauts technologiques » les plus importants?
Bernard Lejour: depuis les années 90 l’influence de la commission européenne sur la législation du travail au sein de la communauté est grandissante. Les nouvelles directives en matière de santé et de sécurité au travail renforcent encore les obligations des constructeurs de machines et les utilisateurs à penser « sécurité des travailleurs » dès la conception des équipements de production. Ces nouvelles exigences s’ouvrent aux autres pays hors UE, en Asie et aux USA. Dans le contexte de la mondialisation, la sécurité n’est plus considérée comme un surcoût mais comme un élément du bon fonctionnement et de la productivité des machines.
En composants de sécurité, notre grande innovation fut en 1993 le lancement des scrutateurs lasers de sécurité. Pionnier de cette technologie, nous la maitrisons aujourd’hui mieux que quiconque. Grâce à elle, des applications complexes comme la protection de zones dangereuses de forme non rectangulaire sont réalisées, ce qui n’était pas possible avec des tapis sensibles ou des barrières immatérielles. Plus récemment, en barrières de sécurité, avec notre compact miniTwin, nous ne parlons plus d’émetteur et de récepteur car les 2 éléments sont identiques. Avec une seule référence, l’avantage économique est évident pour les utilisateurs comme pour les constructeurs. Ils bénéficient de l’intégration de toutes les fonctionnalités dans un seul et même élément, les fonctions s’activant automatiquement en fonction du mode de câblage et d’utilisation choisi.
L’arrivée massive des robots dans les process de fabrication impose non seulement des composants de sécurité, mais l’environnement de contrôle qui va avec, quelle est l’offre de Sick dans ce domaine?
Bernard Lejour: la encore, la nouvelle directive machine précise de nouvelles exigences pour la sécurité et la fiabilité des systèmes de commande des machines comme des robots, en particulier dans la surveillance des défaillances du matériel ou du logiciel. En effet, les éléments de détection doivent être insérés dans le système de commande de manière fiable. Nos contrôleurs de sécurité Flexi Classic et Flexisoft offrent des solutions évolutives proches de l’automate de sécurité, Le flexisoft permet de raccorder jusqu’à 144 E/S et de créer un programme applicatif à l’aide de blocs de fonction offrant une grande simplicité de paramétrage. Utilisée en robotique dans l’automobile et l’emballage, une application de « robot collaboratif » dont la sécurité est réalisée avec des scrutateurs laser contrôlés par un système Flexisoft est en cours de réalisation.
Il est difficile aujourd’hui d’éviter de parler de la crise que nous venons de subir et qui n’est pas terminée. Vous êtes présents sur de nombreux marché, comment avez-vous traversé cette période, quels ont été les secteurs qui vous ont permis de maintenir votre activité?
Bernard Lejour: Nous avons la chance d’être actif sur 3 marchés importants : L’automatisation Industrielle, la logistique et l’automatisation du process. Si la production de machines ainsi que l’automobile ont énormément souffert, notre présence dans l’agro-alimentaire, la cosmétique et la pharma a progressé. De même, dans le domaine des infrastructures, qui sont des marchés à la frontière de notre « core business » nous avons connu une belle progression. Au total Sick France a engendré un bon 37M€ de commandes inférieur de 20% par rapport à 2008 mais avec un résultat honorable. Le marché de la logistique c’est bien comporté et notre activité mesure et process a enregistré un bon 8M€ de prises de commandes.
Comment se positionne la filiale Française dans l’ensemble Sick et quels sont ses points forts?
Bernard Lejour: Nous sommes 4ème derrière l’Allemagne, les USA et l’Italie. Cette place sera difficile à tenir au regard du développement fulgurant des marchés des pays émergents. Avec la migration fabrication vers l’est, un taux de croissance de +/- 10% en France doit concurrencer 30 à 50% en Asie. Nos points forts sur le marché français reposent sur une politique commerciale associant les ventes directe et indirecte. En direct nous suivons nos grands clients (PSA, Renault, Procter,….), les fabricants de machines et les intégrateurs avec un service allant de la résolution d’un problème de détection, à l’analyse de risque d’un parc machine en passant par la formation des équipes d’entretien. Nos distributeurs fournissent un service différent et complémentaire du nôtre.
Les produits de sécurité et d’automatismes sont très techniques. Les premiers touchant à la sécurité des opérateurs, la formation des services de production et de maintenance est nécessaire. Comment êtes vous organisé à ce sujet?
Bernard Lejour: SICK est agréé organisme de formation depuis 1991, Nous avons formé plus de 300 personnes en 2009 et début 2010 aux nouvelles normes SIL et PL afin d’aider les constructeurs ou utilisateurs à la réalisation de la déclaration CE de conformité des machines ou de leur cahier des charges. Notre Hotline est constituée de 10 personnes formés à renseigner ou diagnostiquer un éventuel dysfonctionnement qui peut parfois être résolu à distance.
Quels sont à votre avis les grandes évolutions technologiques qui se profilent à moyens termes dans le domaine de la sécurité : nouveaux capteur, identification de l’opérateur….
Bernard Lejour: Nous sommes en recherche avancée dans le domaine de la vision 3D de sécurité. Nos premières évaluations en milieu industriel et en grandeur réelles sont pour très bientôt. La possibilité de distinguer un opérateur ou une partie de son corps avec fiabilité facilitera sont accès aux zones de travail en fonction du déplacement des outils : bras manipulateurs, robots…Il sera également possible de segmenter les volumes surveillés en fonction des process. En 2003 nous avons lancé la caméra V4000 pour la protection sur presse plieuse et en 2008 la V300 2D compacte pour la protection des postes de travail, une alternative aux barrières de sécurité.