Presque 100 ans après sa création, Phoenix Contact est devenu un acteur incontournable sur ses différents domaines d’activités. Pouvez-vous rapidement nous rappeler ces domaines et l’importance prise par votre entreprise (chiffre d’affaires, nombre de salariés, de filiales…) ?
Bernard Gendre : Créée en 1923 en Allemagne, la société Phoenix Contact est devenue aujourd’hui le leader mondial des composants, systèmes et solutions dans les domaines de l'électrotechnique, de l'électronique et de l'automatisation. Dans toutes ces activités, nous sommes résolument tournés vers les besoins de nos clients et l’évolution vers l’Industrie du futur, c’est pourquoi nous développons des solutions à forte valeur ajoutée, adaptées à un avenir numérique. Phoenix Contact, qui est restée une entreprise familiale, emploie maintenant 16 500 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2017. Le siège social est situé à Blomberg en Allemagne. Le groupe Phoenix Contact compte quatorze sociétés en Allemagne et plus de 55 filiales commerciales. Sa présence mondiale est consolidée par 40 représentations en Europe et à l'étranger. Les usines de production sont implantées dans 11 pays.
Créée en 1981, la filiale française a généré 57,8 millions d’euros de CA en 2017. Elle emploie aujourd’hui 110 personnes réparties entre notre siège social implanté en région parisienne et deux agences à Nantes et à Lyon.
Avec un message comme « Inspiring Innovations » difficile de ne pas investir dans la Recherche et le Développement. Quel budget y consacrez-vous et dans quels domaines ?
Bernard Gendre : En effet notre message « Inspiring Innovations » caractérise parfaitement notre volonté d’accompagner le changement digital à travers non seulement notre offre de produits mais également nos services. Phoenix Contact se donne les moyens de mener à bien cette politique en investissant 7% de son chiffre d’affaires en R&D. Ce budget très important nous a permis bien sûr de continuer à couvrir nos marchés industriels traditionnels mais aussi de réorienter notre stratégie de développement vers les métiers d’infrastructures comme l’énergie, la gestion du bâtiment tertiaire ou industriel, et l’usine connectée.
Nous sommes désormais entrés dans l’ère de l’Industrie 4.0 et cela impose de nouvelles contraintes notamment au niveau des connexions. Comment abordez-vous cette évolution ?
Bernard Gendre : Phoenix Contact est historiquement connu pour ses solutions de connectique et la transformation des équipements industriels actuels notamment en ce qui concerne les communications, nous impose de revoir notre conception de la connexion. C’est pourquoi Phoenix Contact travaille à proposer des solutions intégrant une gestion intelligente des données. Ces solutions n’ont plus seulement vocation à raccorder mais doivent servir les besoins des marchés de demain et soutenir la transformation numérique à l’œuvre. Comme le monde de demain sera plus électrique, plus digitalisé et plus décentralisé, il sera forcément plus connecté. La connectique va évoluer d’un simple raccordement à un raccordement communicant. Acteur majeur dans le domaine du raccordement et de l’automatisme industriel, Phoenix Contact se positionne dans ce contexte. Le cœur de la numérisation réside dans la mise en réseau des processus commerciaux, des installations, des composants et avant tout des objets et des personnes. Pour répondre à ces impératifs, les solutions développées par Phoenix Contact optimisent les processus de production ainsi que leur maintenance, grâce des systèmes d’automatisation et de supervision intelligents et flexibles.
Cette évolution touche non seulement l’industrie mais également le marché des infrastructures et du bâtiment. Comment abordez-vous le profond bouleversement de ces secteurs ?
Bernard Gendre : De la même manière que dans le domaine industriel, nous voyons le bâtiment comme un lieu toujours plus intelligent. Il n'est plus seulement une enveloppe mais un process, et c’est un véritable virage que Phoenix Contact est en train de prendre dans un esprit d'innovation. En effet, toutes les informations que l'on peut collecter et gérer, notamment avec les systèmes de gestion technique, ont aujourd'hui une utilité. Cette tendance forte vaut également pour les infrastructures. Le but n'est autre que faire croître l'efficacité globale, la performance énergétique et la sécurité de ces lieux. Pour concrétiser ces évolutions, nous bénéficions de notre expertise et de notre savoir-faire, d’ailleurs appliqués dans nos propres usines de production.
Tout le monde est conscient que nous sommes aujourd’hui en plein bouleversement des méthodes de production et de gestion des outils industriels comme des infrastructures. Seul un point fondamental bloque encore : la sécurité des accès et la protection des données. Quelles sont les solutions proposées par Phoenix Contact pour résoudre ce problème majeur ?
Bernard Gendre : L’aspect sécuritaire est un enjeu de taille pour les entreprises. Avec plus de 40 milliards d’objets connectés annoncés pour 2020 et donc des flux de données en augmentation exponentielle, l’Industrie du futur implique nécessairement des besoins d’ouverture, de communication et de cybersécurité. Expert reconnu en cybersécurité industrielle, Phoenix Contact offre des solutions pour protéger les systèmes de l’entreprise, la sauvegarde du savoir-faire et de tous les actifs de données sensibles constituant le processus de production.
Nous prenons très en amont la problématique de cybersécurité. D’ailleurs, la stratégie de Phoenix Contact Group illustre bien cette volonté de développer ce secteur puisque nous rachètons actuellement de nombreuses entreprises dans des domaines tels que la cybersécurité, la gestion des données ou le smart grid...
Nous développons également notre offre de services dans ce domaine : lorsque nous vendons un switch, c'est toujours avec du conseil et des prestations d'analyse de réseaux. Parallèlement nous croyons à la formation, même ponctuelle, sur ces sujets complexes. Dans ce sens, nous développons une démarche de partenariat, d’écoute et de conseil avec nos clients.
Concrètement comment mettez-vous en oeuvre cette démarche ?
Bernard Gendre : Nos équipes font actuellement un travail que l'on peut apparenter à de l'innovation notamment autour de la notion de services avec le support technique, le conseil, la maintenance ou encore le financement. Par ailleurs, pour appuyer le thème des services, la cybersécurité est justement un thème pour lequel nous réalisons des prestations sur-mesure. Cela reste vraiment pertinent de répondre précisément aux besoins de nos clients avec une forte valeur ajoutée : formation, adaptation des produits ou encore logistique adaptée par exemple en termes de packaging spécifique... Cela nous conduit à aller plus encore vers la notion de bénéfice client, anticiper ses besoins. Pour cela, nos outils CRM, ERP et de gestion des données, font l'objet d'un vaste chantier que nous menons à la fois au niveau de la France et du groupe. Notre objectif est de valoriser au maximum l'information clients ! C'est un fait, autour du produit, il y aura de plus en plus d'informations et d'éléments autres que matériels.
D’autre part, Phoenix Contact développe aussi des innovations produit et des solutions spécifiques pour les demandes individuelles des clients. De nombreux brevets soulignent le fait que les développements de Phoenix Contact sont uniques. Nous travaillons en étroite collaboration avec les universités et la science notamment sur les technologies futures telles que l'électromobilité et la numérisation pour les intégrer dans nos produits, nos systèmes et nos solutions pour le marché.
Vous avez pris la direction de Phoenix Contact France il y a deux ans. Comment ressentez-vous actuellement le climat des affaires et quels sont désormais vos objectifs ?
Bernard Gendre : Le marché est porteur et nous ressentons une réelle nouvelle dynamique depuis septembre 2017. Comme je vous l’ai expliqué, aujourd’hui nous devons proposer, en plus de solutions techniques, de l’accompagnement projets et nous considérons que le vrai service clients passe immanquablement par une présence locale surtout pour les automatismes. Voilà pourquoi nous avons des agences à Lyon, Nantes et Paris.
Autre point que nous n’avons pas encore évoqué : la formation professionnelle en entreprise dans laquelle Phoenix Contact investit beaucoup sans pour cela négliger les relations avec l’éducation nationale. Nous avons notamment développé le programme européen Edunet qui encourage, facilite les échanges, la collaboration entre les universités et finance les projets les plus innovants. Les évolutions technologiques ouvrent un nouveau champ des possibles, s’accompagnent de nouvelles problématiques, qui appellent de nouvelles compétences et contribueront à créer de nouveaux métiers dont nous aurons bientôt forcément besoin.