Rencontre avec Arnaud Brunetière, directeur général de Linxens

Arnaud Brunetière, directeur général de Linxens, nous présente les activités de ce fabricant de composants pour la carte à puce, l’e-gouvernement, la santé et l’IoT. Il réalise un chiffre d’affaires de 500 M€ avec environ 3000 personnes.

  • par Linxens
  • 10 avril 2025
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  • Arnaud Brunetière, directeur général de Linxens.
    Arnaud Brunetière, directeur général de Linxens.

    - Fabricant français spécialisé dans les composants pour la carte à puce, l’e-gouvernement, la santé et l’IoT, Linxens est passé sous la bannière de différents actionnaires au cours de ses 40 années d'existence. Pourriez-vous nous retracer son historique et les étapes de son développement ?

    Arnaud Brunetière : Après avoir évolué au sein de FCI (Framatome Connectors International), nous sommes sortis du groupe Areva en 2005, devenant la propriété de Bain Capital, puis d’Astorg Partners en 2011. C’est à ce moment-là que nous avons pris le nom de Linxens. En 2015, nous avons rejoint CVC Capital Partners, et enfin, en 2018, le groupe chinois Tsinghua Unigroup. L’histoire de Linxens, sous le nom de FCI ou sous son propre nom est passionnante. A l’origine, notre développement est venu d’une problématique de France Telecom – bien avant qu’il s’appelle Orange – lequel cherchait une solution pour mettre fin au vandalisme de ses cabines téléphoniques à pièces, régulièrement dévalisées. Pour démonétiser ces cabines, la télécarte prépayée a été créée. Elle intégrait une puce et un microconnecteur permettant de connecter la puce à la cabine. Nous avons été parmi les premiers à développer et industrialiser les microconnecteurs pour télécartes dans les années 1980. Puis avec l’avènement de la téléphonie mobile, dans les années 1990, nous avons saisi l’opportunité d’implémenter cette technologie pour les cartes SIM. Il s’agissait du même produit, mais en plus miniaturisé. Enfin, est apparu le besoin de sécurisation des cartes bancaires dans les années 2000 et jusqu’à récemment. Les paiements étaient jusqu’alors réalisés avec un sabot ou grâce à une piste magnétique, entraînant des falsifications fréquentes. Mais désormais, avec une carte à puce, les cartes bancaires sont davantage sécurisées. Nous avons bénéficié de ce développement du marché de la carte à puce bancaire dans de nombreux pays. Il a bien progressé jusqu’en 2018. A présent, la croissance sur ce marché de la carte à puce, tant pour les cartes bancaires que pour les cartes SIM, est ralentie. Il a atteint un plafond car il est concurrencé par le paiement par téléphone et par l’eSIM dans les téléphones mobiles.

     

    - Afin de remédier à cette stagnation du marché de la carte à puce, Linxens a engagé une diversification depuis quelques années. Vers quels domaines d'activité ?

    Arnaud Brunetière : Nous avons, en effet, développé plusieurs autres activités. En 2017, dans le domaine des documents d’identité : passeports, cartes d’identité et permis de conduire. Une puce et une antenne sont insérées dans le document qui permettent de le sécuriser. Les agents de la police de la frontière peuvent ainsi vérifier que le document est authentique, et ainsi permettre aux voyageurs d’entrer sur le territoire, lors du passage de la frontière. En Europe, tous les documents d’identité ont maintenant une puce. En 2022, nous nous sommes lancés dans le domaine de la santé, par exemple avec des biocapteurs qui permettent l’analyse de sang, ou avec des composants dédiés au traçabilité de médicaments et de produits servant à la surveillance cardiaque. Enfin, nous nous sommes diversifiés vers la santé connectée avec l’acquisition de la société suédoise Nile, experte des dispositifs portables collés à la peau (« stick-to-skin wearables »). En 2023, pour enrichir notre offre dans le domaine des objets connectés, nous avons recruté à Clermont-Ferrand les équipes du bureau d’études de la start-up française Yesitis. Leur expertise en matière de développement nous permet de proposer de nouvelles solutions par exemple, pour le traçage de dossards de coureurs de marathon ou les étiquettes intelligentes (« smart labels »).

     

    - En quelques chiffres clés, pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance de Linxens : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de filiales, de sites de production… ?

    Arnaud Brunetière : Le chiffre d’affaires de Linxens était d’environ 500 M€ en 2024 avec un effectif de 3000 salariés. 340 M€ provenaient de l’activité cartes à puce, laquelle reste de loin notre activité la plus importante, 100 M€ étaient issues des activités gouvernementales, 50 M€ du secteur de la santé et 10 M€ des objets connectés. Ces trois dernières activités ont une croissance annuelle à deux chiffres et représenteront donc des relais de croissance pour les prochaines années, notre objectif étant d’atteindre 700 M€ de chiffre d’affaires d’ici 5 ans. Le secteur de la santé est particulièrement dynamique en raison du développement des soins à domicile et de la pression sur les coûts de santé incitant les institutions hospitalières à accueillir moins de patients à l’intérieur de leurs établissements. Nous disposons de huit sites de production : trois usines en Europe, à Mantes-la-Jolie, près de Paris, où nous fabriquons des connecteurs pour cartes à puce et des biocapteurs ; à Dresde, en Allemagne ; à Ängelholm, en Suède ; et cinq usines en Asie : en Inde, à Singapour, en Thaïlande et en Chine, avec deux implantations dans ce pays.

     

    - Que représentent les investissements de Linxens en R&D ? Pourriez-vous nous citer quelques exemples d’innovation ?

    Arnaud Brunetière : Nous investissons 20 M€ par an en R&D, essentiellement en équipements de production. Nos centres de R&D sont répartis sur l’ensemble de nos sites. Par ailleurs, nous déposons 15 à 20 brevets par an. Nous avons lancé une gamme de produits dédiés à la traçabilité, primée au CES de Las Vegas en janvier dernier, sous forme d’étiquettes intelligentes qui offrent une connexion en Bluetooth, 4G, 5G et par satellite en cas de zone blanche. Ils permettent de suivre les colis, partout dans le monde, avec un impact environnemental minimisé, grâce notamment à l’intégration de fonctionnalités de récupération énergétique. Autres exemples d’innovation : une enceinte connectée intégrée dans le tableau de bord de petites voitures sans permis qui fonctionne grâce à des vibrations sonores, ou encore des patchs cutanés utilisés dans divers contextes de santé et de bien-être, comme le soulagement de la douleur ou la diffusion de médicaments à température contrôlée.

     

    - Comment faites-vous pour maîtriser l’augmentation du cours de certains matériaux très utilisés dans vos produits ?

    Arnaud Brunetière : Nous utilisons des métaux précieux tels que l’or et l’argent, ainsi que du cuivre dont les cours peuvent varier sensiblement. Pour éviter que cela ait des répercussions sur le coût de nos produits, nous avons recours à des systèmes de couverture financière. Nous faisons également très attention à la recyclabilité de nos produits.

    Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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