Jocelyn Peynet, directeur d'Universal Robots pour la France : « une organisation commune avec MIR »

Jocelyn Peynet nous présente les activités du groupe Universal Robots, désormais regroupé avec MIR sur un même siège social. Acquis par Teradyne en 2015, il emploie 1000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires de 304 M$.

  • Jocelyn Peynet, directeur d'Universal Robots pour la France.
    Jocelyn Peynet, directeur d'Universal Robots pour la France.

- Universal Robots s'est développé rapidement ces dernières années malgré un contexte économique difficile. Pouvez-vous nous retracer son historique et les spécificités des cobots par rapport aux robots traditionnels ?

Jocelyn Peynet : Le groupe Universal Robots a été créé en 2005 par des étudiants danois qui souhaitaient proposer des robots polyvalents, flexibles, simples d’utilisation et d’installation, y compris pour des non spécialistes de la robotique afin d’automatiser la production dans les usines. Les premiers cobots, radicalement différents des robots traditionnels sont alors nés en 2008. Plusieurs grands comptes automobiles y ont trouvé de l’intérêt et les ont installés sur leurs lignes de production pour automatiser les postes de travail. Leur construction et les composants qu’ils utilisent rendent les cobots non intrusifs. Ils utilisent des tubes en aluminium à la place de la fonte pour les robots traditionnels. Les interfaces de programmation sont plus simples. Les servomoteurs intégrés dans les articulations du cobot sont plus compacts. Les cobots s’arrêtent en maîtrisant leur force et leur vitesse, et de ce fait, sont conçus pour être utilisables près des opérateurs. Dans les opérations de palettisation par exemple, ils ne présentent pas de risques et peuvent être placés dans des enceintes complétement ouvertes.

 

- Un rapprochement vient d’être initié entre les sociétés Universal Robots et MIR qui font, toutes les deux, partie du groupe Teradyne. Comment ce rapprochement s’est-il opéré ?

Jocelyn Peynet : Un siège commun a été inauguré à Odense, au Danemark, pour regrouper les sociétés Universal Robots et MIR, acquises respectivement en 2015 et en 2018 par le groupe américain Teradyne et désormais regroupés au sein de la division Teradyne Robotics afin de favoriser les collaborations entre les deux sociétés. Ce rapprochement permet de regrouper les achats, les pièces, ainsi que les équipes de montage et de développement. Chaque société possède sa propre ligne de produits, mais il existe aussi une gamme commune de cobots mobiles avec, par exemple, un bras Universal Robots associé à un robot mobile MIR, une interface mécanique et une ingénierie logicielle communes pour unifier les deux mondes. Universal Robots s’adresse à l’ensemble du marché industriel, notamment l’automobile, l’agro-alimentaire, le secteur de la machine-outil, l’électronique, l’audiovisuel, par exemple sur les plateaux TV. MIR est quant à elle orientée vers la logistique, les entrepôts, la robotique mobile.

 

- En quelques chiffres clés, quelle est l'importance du groupe Universal Robots à l'international : chiffre d’affaires, nombre de salariés, de sites de production, force de vente… ?

Jocelyn Peynet : Nous avons à ce jour plus de 90000 cobots installés. Des centaines de sociétés se sont créées à proximité pour développer et vendre des accessoires de robots, ainsi que des campus universitaires où les étudiants sont encouragés à aller vers une spécialisation en robotique. Le chiffre d’affaires du groupe Universal Robots a atteint 304 M$ en 2023 avec un dernier trimestre qui a été le meilleur de notre histoire. 50% des ventes sont réalisées en Europe, 20% en Asie et 30% aux Etats-Unis. Le groupe emploie environ 1000 salariés avec un modèle de ventes indirectes quasiment à 100%. Nous avons une force commerciale externe impressionnante avec 1200 partenaires dans le monde. Universal Robots dispose de 20 bureaux de ventes couvrant 40 nationalités en Europe, aux Etats-Unis et en Asie.

 

- Avez-vous souffert des problèmes d’approvisionnement en composants électroniques et vos délais de livraison ont-ils été allongés ?

Jocelyn Peynet : Le fait d’appartenir au groupe américain Teradyne, acteur majeur dans le domaine des équipements de test pour l’électronique, nous a donné davantage de moyens. Grâce aux relations privilégiées que Teradyne entretient avec les fabricants de semi-conducteurs, nous n’avons pas éprouvé beaucoup de perturbations liées aux difficultés d’approvisionnements en composants électroniques. Nous bénéficions également de sa puissance d’achats. Nous avons standardisé au maximum nos robots, ce qui nous permet d’être efficace en termes de production et de stocks. Nous pouvons livrer des robots en 6 semaines en moyenne, et même en deux semaines dans certains cas.

 

- Universal Robots répond aux attentes et aux exigences de nombreuses industries. Comment son offre évolue-t-elle ?

Jocelyn Peynet : Notre offre a évolué récemment vers des charges utiles jusqu’à 20 kg et 30 kg et des rayons d’action plus importants. L’UR20 se déplace dans un rayon d’action de 1750 mm, et l’UR30 dont les ventes ont débuté fin 2023 dans un rayon d’action de 1300 mm. Les logiciels et les interfaces sont mis à jour régulièrement avec des fonctionnalités permettant une intégration plus rapide et plus facile. Nous avons également revu la partie électronique et mécanique de nos cobots, les moteurs, les réducteurs, les logiciels, et créé une plateforme comparable à l’Apple Store pour développer des accessoires et des outils compatibles avec nos robots. Plus de 400 partenaires proposent plus de 500 produits sur étagère dédiés à cette plateforme, pour simplifier l’utilisation de nos robots. Nous avons des partenariats avec des grands groupes tels que NVidia et Siemens dans le domaine de l’intelligence artificielle pour toujours amener de la flexibilité et de la simplicité, par exemple pour la vision 3D, et également pour optimiser les mouvements et les trajectoires.

 

- Comment analysez-vous le marché de la cobotique et quels sont vos objectifs à moyen terme sur le marché national ?

Jocelyn Peynet : Le taux de croissance de la cobotique devrait être de 20% à 30% dans les années à venir. Beaucoup de TPE et de PME sont agréablement surprises par nos capacités d’intégration. Il y a par exemple une pénurie de main d’œuvre dans le domaine du soudage avec 6000 postes à pourvoir en France, et nos cobots peuvent d’ores et déjà répondre à ces besoins à la place d’un personnel qualifié que les entreprises ne trouvent pas sur le marché. Cela permettra de maintenir une production industrielle en France.

Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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