- Le groupe ABB tire ses origines de deux entreprises, Asea et Brown Boveri, nées avant le début du siècle dernier. Pouvez-vous nous retracer les étapes de son développement, particulièrement après la fusion des deux entités en 1988 ?
Fabien Laleuf : Le Suédois Ludvig Fredholm fonde Asea en 1883 et les Suisses Charles EL Brown et Walter Boveri fondent Brown, Boveri & Cie en 1891. Asea et BBC fusionnent en 1988 pour former la nouvelle société ABB, dont le siège social est à Zurich, en Suisse. Depuis, le groupe n’a cessé d’innover et de développer des nouvelles technologies pertinentes. ABB a réalisé plusieurs acquisitions à partir de 2010 pour se renforcer dans certaines régions géographiques et pour acquérir des technologies particulières, par exemple les activités électrification de General Electric. Notre volonté est de devenir leader dans chacun de nos métiers au niveau mondial. Nous nous sommes développés en tenant compte de problématiques communes de transition énergétique. Notre fonctionnement est basé sur « l’ABB Way », où chaque entité est autonome en termes de stratégie de développement, les priorités et les contraintes de marché étant très différentes d’une activité à l’autre.
- En quelques chiffres clés, pouvez-vous nous situer aujourd’hui l’importance d'ABB : chiffre d’affaires, nombre de salariés, filiales, sites de production… ?
Fabien Laleuf : Le groupe ABB a réalisé un chiffre d’affaires de 29,7 milliards d’euros en 2023 avec 105000 employés. Nous sommes présents dans plus de 100 pays, et nous fournissons nos produits à l’échelle de chacun des continents, car nous estimons qu’il n’y a pas de sens à déplacer les marchandises sur de très longues distances. Ce qui permet également de réduire l’emprunte carbone. De plus, nos produits doivent obéir à des normes spécifiques sur chaque continent. Notre production et notre logistique sont donc locales, avec par exemple, trois sites de production en France, à Chassieu (Rhône), Piffonds (Yonne) et Bagnères de Bigorre (Hautes-Pyrénées). Nous avons également des expertises locales en France avec huit centres d’excellence mondiaux tels que les moteurs électriques pour le nucléaire, les contacteurs, les paratonnerres, la robotique pour l’automobile, les systèmes de mélange pour l’industrie, l’éclairage de sécurité et les technologies pour le bâtiment.
- ABB répond aux attentes et aux exigences de nombreuses industries, mais quelle est précisément l'étendue de son offre ? Pour quels grands types d'applications ?
Fabien Laleuf : Nous avons effectivement une gamme de produits très diversifiée avec de nombreuses références. Concrètement, nous vendons des solutions connectées d’électrification, d’automatisation, des robots, des moteurs et des drives pour les secteurs de l’énergie, l’industrie, le transport et le bâtiment, avec l’objectif d’améliorer l’efficacité énergétique de nos clients et de réduire leurs émissions. Dans l’activité Electrification, par exemple. Dans le domaine résidentiel, nous travaillons avec des distributeurs, mais dans le domaine industriel, nous sommes davantage en mode projets et nous livrons souvent directement aux clients. Nous travaillons pour toutes les industries où il faut fournir une infrastructure de distribution électrique.
- Que représentent les investissements d'ABB en recherche et développement ? Quelles sont les orientations privilégiées et ses produits les plus innovants ?
Fabien Laleuf : Nous investissons 4% de notre chiffre d’affaires en R&D, soit 1,2 milliard de dollars en 2023. 7000 personnes travaillent sur les innovations de demain (dont la moitié dans le domaine des logiciels et de l’intelligence artificielle). Elles sont surtout basées en Suisse et en Suède, mais aussi en Italie, en Chine, en Inde, aux Etats-Unis. En France, nos équipes de R&D sont dans les domaines des contacteurs (Chassieu), des paratonnerres (Bagnères-de-Bigorre), l’éclairage de sécurité (Piffonds), des logiciels d’automatisation et de digitalisation des bâtiments (Toulouse) et pour l’industrie de “Blending” (Aix-Les-Bains). ABB a une longue tradition d’innovations puisque le groupe vient de fêter les 100 ans de l’invention du disjoncteur électrique. Plus récemment, nous pouvons citer le système de propulsion pour l’industrie maritime qui permet de réduire la consommation énergétique des bateaux de l’ordre de 22%, le robot collaboratif GoFa, qui permet d’assister un collaborateur sans le blesser, dans le déplacement de pièces de précision de plusieurs kilogrammes, une borne de recharge de 360 kW permettant une recharge d’un véhicule électrique en moins de 15 minutes, ou encore des moteurs à reluctance variable les moins énergivores sur le marché.
- Quelle est aujourd’hui l’importance de la filiale française et quelles sont les perspectives de vos marchés en France ?
Fabien Laleuf : Le groupe ABB est présent sur tout le territoire français et bénéficie de plus de 20 sites. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 589 M€ avec un effectif de 1120 personnes. Les vecteurs de notre développement sont orientés positivement et le seront encore longtemps avec des enjeux climatiques qui resteront de mise au cours des 20 ou 30 prochaines années. Le remplacement par des produits dont la circularité et l'impact environnemental sont transparents est une tendance de fond très positive et la transition énergétique fait de plus en plus appel à l’électricité. Le secteur des énergies renouvelables et celui de l’énergie électrique sont en plein développement. Le marché du bâtiment est pour sa part en difficulté, malgré une demande importante qui se fait sentir en rénovation énergétique. Nous sommes très optimistes concernant la demande d’électrification et de matériel d’automatisation.
- ABB assure être engagé en faveur du développement durable ? Quelles sont les actions que vous avez entreprises en ce sens ?
Fabien Laleuf : Dans le cadre des efforts déployés par ABB pour favoriser une société bas carbone, l’entreprise a soumis pour validation des objectifs actualisés de réduction des émissions d’équivalent CO2 conformes à la norme « Net-Zero » de l’initiative Science-Based Targets (SBTi). Ces objectifs comprennent les émissions de Scope 1 et 2 d’ABB qui visent à les réduire de 80% d’ici 2030 et de 100% d’ici 2050, par rapport à une base de référence de 2019. L’entreprise vise à réduire de 25% d’ici 2030 et de 90% d’ici 2050 ses émissions de Scope 3, couvrant le reste de sa chaîne de valeur, par rapport à une base de référence de 2022. Par ailleurs, ABB France a participé activement au challenge « Cube Flex - bâtiment tertiaire » avec son site de Beynost (Ain). Soutenu par RTE, ce challenge dépasse la simple réduction de la consommation de 30% sur les bâtiments tertiaires, puisqu’il vise également une consommation plus intelligente en prévention des surcharges du réseau national lors des pics de consommation. ABB est convaincu que la transition énergétique viendra avec les technologies d’optimisation.