Comprendre les changements en matière de réglementation CEM

Sylvain Goldman, directeur des ventes de Schaffner France, répond aux interrogations permettant de comprendre et connaître les changements à propos de la réglementation CEM.

  • Sylvain Goldman, directeur des ventes de Schaffner France.
    Sylvain Goldman, directeur des ventes de Schaffner France.

Schaffner apporte son aide pour comprendre et connaître les informations clés sur les changements à venir de la réglementation CEM, de 150 kHz à 9 kHz. Dans une enquête récente, Schaffner a découvert que 88% des personnes interrogées estimaient qu’elles seraient affectées par le changement de réglementation, mais que 31% d’entre elles ne savaient pas quel serait cet impact probable – et ne savaient donc pas par où commencer pour se préparer. Bien que la nouvelle réglementation ne soit pas censée entrer en vigueur avant 2026, l’enquête a révélé qu’il existe un manque important de compréhension de ce que signifieront les réglementations – et pour ceux qui le savent, 70% d’entre eux pensent qu’il leur faudrait plus d’un an pour s’assurer qu’ils soient conformes à la nouvelle réglementation. Sylvain Goldman, directeur des ventes de Schaffner France, répond aux principales questions à ce sujet.

 

- Pourquoi les tests de conformité des appareils ont-ils été étendus à 9 kHz ?

Sylvain Goldman : Jusqu’à présent, les règlementations concernant les perturbations électromagnétiques ne s’appliquaient qu’au-dessus de 150 KHz. Les tests de conformité pour les composants ont récemment été étendus à 9 kHz, car la plupart des perturbations sur le terrain, qui sont en augmentation, se situent en-dessous de 150 kHz. Les appareils d’éclairage par Led, par exemple, utilisent des fréquences inférieures à 150 kHz. C’est pourquoi une nouvelle limite a dû être définie.

L’extension de ces normes CEM à 9 kHz a pour but d’améliorer le bon fonctionnement des appareils et de permettre une meilleure interopérabilité entre les différents équipements, tels que des appareils de puissance et d’entrainement moteur, avec des systèmes d’éclairage, par exemple.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’objectif est d’assurer une continuité de fonctionnement de tous les équipements et cela sans perte d’information. Par conséquent, des marchés sensibles comme le médical ou l’aéronautique en seront les premiers bénéficiaires. En effet, les fréquences de découpage d’appareils de conversion d’énergie de tous types ont, dans la majorité des cas, des fréquences de découpage comprises entre 2 et 20 kHz, voire 40, 60 ou 90 kHz pour les nouvelles technologies à base de semiconducteurs SIC.

 

- Quelles mesures les entreprises doivent-elles prendre pour garantir leur conformité ?

Sylvain Goldman : Il est probable que l’efficacité des composants utilisés pour filtrer à partir de 150 kHz ne soit pas suffisante pour atténuer également les perturbations dans cette bande de fréquences. Cela étant, la limite dans la bande de fréquence comprise entre 9 kHz et 150 kHz étant plus élevée, tous les fabricants n’y seront pas confrontés de la même façon.

Nous préconisons de réaliser des mesures d’investigation en fonction de la norme produit et ainsi évaluer le risque d’une potentielle non-conformité en attendant que les nouvelles normes soient officiellement publiées.

Parmi les étapes que les entreprises devront mettre en œuvre, on peut supposer qu’elles devront avoir recours à de nouveaux filtres et qu’elles devront peut-être reprendre la conception pour une partie de leurs solutions pour prendre en compte les nouvelles exigences techniques.

 

- Est-il prévu une augmentation du coût des appareils ?

Sylvain Goldman : Bien qu’il soit très probable que les performances des filtres nécessitent d’être élargies, cela ne devrait pas avoir d’impact majeur sur le coût global des équipements, des produits, ou des machines. Cependant, plus le produit sera puissant, plus ce sera difficile de garantir sa conformité car, plus nous devons filtrer bas en fréquence et plus les exigences en mode différentiel seront importantes.

Lorsque nous parlons de mode différentiel, nous parlons principalement d’inductance différentielle, car nous ne pouvons pas augmenter les valeurs des condensateurs de façon illimitée. Et, bien évidemment, plus la puissance augmente, plus le coût de ces inductances sera prédominant. Lorsque l’on parle de produits consommant un courant supérieur à 200 A avec des connexions sur jeu de barre, il est d’autant plus critique de filtrer en mode différentiel du fait de l’impossibilité de bobiner des noyaux magnétiques.

D’autre part, il faut bien garder à l’esprit que tous les produits développés suivant une norme qui évolue doivent s’y conformer lorsque celle-ci est publiée et ce dès que les produits sont lancés sur le marché. Cela est indépendant de la date à laquelle le produit a été développé.

 

- Quelles industries ou quels secteurs seront les plus touchés par la nouvelle réglementation ?

Sylvain Goldman : Certains secteurs appliquent des normes plus strictes depuis très longtemps, comme le secteur militaire, auquel s’appliquent des standards tels que MIL-STD-461, qui est de mise dès 100 Hz. Cependant, dans l’industrie, l’un des premiers marchés à avoir étendu la bande de fréquence à 9 kHz a été l’éclairage. Nous pouvons également citer la FCC (partie 15), qui régit les produits vendus sur le sol américain dits « intentional radiators ». Cela concerne tous les appareils générant intentionnellement et émettant de l’énergie radiofréquence, que ce soit par radiation ou par induction. Le marché des variateurs de vitesse (avec sa norme IEC61800) devrait donc être le prochain.

Cela devrait impliquer des filtres internes à ces variateurs de vitesse avec des performances plus élevées pour tenir les catégories C1 et C2. Par ailleurs, comme indiqué précédemment, un filtrage externe avec de meilleures performances en mode différentiel sera vraisemblablement plus que nécessaire pour tenir la catégorie C3, qui concerne généralement les produits de forte puissance.

Il est à noter qu’en raison de la durée de vie des produits et des attentes des clients relatives à la qualité de produits, les fabricants doivent nécessairement s’adapter le plus tôt possible de façon à pouvoir maintenir un cycle de vie complet pour les applications clients.

 

- Comment Schaffner aide-t-il les entreprises à respecter les dernières réglementations CEM ?

Sylvain Goldman : Pour aider les entreprises à se mettre en conformité avec les dernières règlementations CEM, nous effectuons des investigations en interne et nous procédons à des mesures avec nos clients partenaires afin d’identifier les applications et les filtres susceptibles de ne pas répondre aux futures exigences. Nous avons investi dans de nouveaux équipements de mesures (RSIL et récepteur) permettant de réaliser ces mesures suivant les configurations de test exigées par cette nouvelle règlementation. Nous travaillons également sur de nouvelles solutions de filtrage qui permettraient de répondre à cette nouvelle règlementation et ce quelle que soit la puissance.

Journaliste business, technologies de l'information, usine 4.0, véhicules autonomes, santé connectée

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